Une bien beau caméscope DV truffée de qualités à laquelle on reproche quelques points essentiels comme l'absence de bague de zoom manuel et le compartiment cassette sans protection contre les poussières. Pour le reste est-il à la hauteur, ou dépasse-t-il, ses concurrents camescopes DV ou mini DV ? C'est ce que nous allons découvrir dans les lignes qui suivent.
Jean-Pierre Challot – décembre 1996
Seul caméscope à grande cassette DV de la gamme grand-public, numériser des cassette mini DV avec cette caméra s’avérera impossible puisqu’il n’existe pas d’adaptateur. Pour la numérisation des cassette DV provenant de l’appareil, vous pourrez soit utiliser un VX9000, soit un magnétoscope Sony DSR11 qui accepte les cassettes DV, mini DV et accepte également le DV CAM.
Le viseur
Sony a doté son grand dernier d’un viseur noir et blanc de près de 600 lignes, digne de caméras pros. L’image se contrôle sur un écran de 25 mm de diagonale composé de 180000 pixels. Un rêve pour vérifier le point à toutes les focales. Les informations classiques de tournage s’affichent à l’image, et non dans une « zone bleue » située hors cadre, comme avec le VX 1000. Dommage. Côté réglages, il est possible de modifier la luminosité et le contraste, et d’activer ou non le Tally, ce témoin lumineux signalant l’enregistrement. S’il est possible d’orienter le viseur pour cadrer en fortes plongées ou contre-plongées, on peut également l’adapter à la morphologie de chacun, avec un déportement horizontal ou vertical de 30 mm. Un débattement cependant un peu juste pour les cadreurs filmant avec l’œil gauche.
Image du VX 9000
On retrouve le même capteur que sur le VX 1000, soit trois cibles à transfert de charge (CCD) d’1/3 de pouce de diagonale. L’image obtenue ne déçoit pas, très nette, des couleurs fidèles et un contraste élevé. Le VX 9000 est surtout apte à filmer des scènes bien éclairées. Les cadreurs peuvent modifier les réglages usine de l’image (contraste, luminosité, colorimétrie) pour les adapter à leurs préférences visuelles.
Objectif
On retrouve ici l’objectif du VX 1000, à savoir un zoom optique 10 ×, avec possibilité de doublage numérique. La focale de base est malheureusement dépourvue de position grand-angle, avec une équivalence photo de 39 mm. L’achat d’un complément optique 0,7× se révèle vite indispensable, par exemple le VCL-R 0752 de Sony, ou tout autre modèle compatible avec le diamètre 52 mm, pour obtenir un vrai grand-angle de 28 mm. Aucune bague de changement de focale manuelle, il faut donc se contenter d’un zooming électrique, dont les vitesses variables sont cependant bien pensées, du très lent au très rapide (1 ,7 s). La mise au point, autofocus ou manuelle grâce à une large bague caoutchoutée sur l’objectif, s’effectue à des distances minimales variables suivant la focale (1 cm en grand-angle à 80 cm en télé). L’autofocus est très précis, et suffisamment lent pour ne pas pomper lors du passage d’un sujet dans le champ. Bravo pour le pare-soleil carré fourni en standard, très efficace à toutes les focales.
Micro
Déporté sur le côté droit le micro est de très bonne facture. Il est doté d’une bonnette anti-vent amovible, d’un sélecteur de directivité à 3 positions (0°, 90° ou 120°) pour adapter la prise de son au cadrage. Dommage qu’il soit impossible de coupler l’angle de l’objectif avec celui du micro. Ce dernier est très bien isolé du corps de la caméra, insensible aux zooming, moteurs et autres petits chocs. Bravo ! Un mini-Jack stéréo est prévu pour connecter un micro externe. Dans ce cas, il est possible de n’enregistrer qu’avec ce dernier, ou le son des deux micros simultanément avec réglage indépendant des niveaux sonores, chacun se trouvant alors en mono sur une des voies (droite ou gauche) de la piste stéréo.
Son
Pour l’enregistrement audio, Sony offre le choix entre un son de très haute qualité en 16 bits – 48 kHz, ou un son légèrement moins performant (12 bits – 32 kHz) avec la possibilité de bénéficier d’une autre piste stéréo, pour effectuer un doublage son directement sur la caméra, en utilisant la prise micro ou les entrées Ligne raccordées à une source externe (console de mixage, ampli, lecteur CD… ). A la lecture d’une cassette ayant subi ce doublage son, les deux pistes stéréo s’écoutent simultanément, sans possibilité de les séparer. Quant aux niveaux audio, ils sont réglés automatiquement ou manuellement, avec un contrôle par casque ou hautparleur, et via les bargraphs du panneau LCD. Dommage qu’il ne soit pas possible de les afficher directement dans le viseur !
Balance des blancs
Difficile d’innover en matière de balance des blancs. Sony reprend le concept du VX 1000 en offrant la possibilité au cameraman de choisir entre un réglage automatique en temps réel, manuel, ou les sélections pré-réglées Lumière du jour ou Artificielle. Un rappel dans le viseur évite aux distraits des images non équilibrées. Un point important, car ici on ne peut pas se fier à l’image noir et blanc pour vérifier la colorimétrie. En cas de réglage manuel, il faut disposer d’une surface blanche, le VX 9000 ne possédant pas de capuchon d’objectif translucide. Mais que les inquiets se rassurent, le réglage automatique réagit très bien aux changements d’éclairage.
Exposition
Point fort apprécié par les professionnels, l’exposition est entièrement contrôlable, avec un réglage précis des différents paramètres. Le diaphragme, appelé Iris par Sony, est réglable par incréments de demi-valeurs. Le bouton rotatif est rapidement accessible en cours de tournage, et le viseur renseigne sur la valeur sélectionnée, variable entre 1,6 (2,1 en télé) et 11. On peut regretter qu’il ne soit pas possible d’aller au-delà, les valeurs 16 ou 22 augmentant sensiblement la profondeur de champ. En revanche, il existe une position Close procurant un noir total, dont l’intérêt n’est pas évident (il n’est pas nécessaire de tracker au noir les cassettes DV). La vitesse d’obturation est aussi réglable manuellement sur les valeurs 1/50, 1/100, 1/215 ou 1/1 000 s. Sony propose deux autres valeurs que l’utilisateur paramétrera lui-même, une dans les vitesses lentes (jusqu’au 1/3) et une vitesse rapide intermédiaire. Un choix discutable, qui nécessite de se plonger dans les différents menus et peut engendrer quelques sueurs froides. Quant au gain, le cameraman a le choix entre 5 positions préréglées (- 3, 0, + 3, + 6 ou + 9 dB) et la position Preset qu’il aura pris soin de fixer parmi une des super valeurs de gain :+ 12, + 15 ou+ 18 dB. Il sera alors possible de filmer avec une très faible lumière, au détriment de la qualité de l’image. Il s’avère cependant préférable d’utiliser autant que possible une vitesse lente en lieu et place d’un gain poussé à l’extrême (dans ce cas, la caméra et le sujet devront être immobiles pour éviter un effet stroboscopique).
Filtre neutre
Le VX 9000 reprend le principe du filtre neutre que l’on trouve sur son petit frère et toutes les caméras Broadcast. Sa mise en œuvre s’effectue obligatoirement en manuel, un message apparaissant dans le viseur pour avertir le cameraman de l’activer. Ce filtre, nécessaire pour filmer en extérieur par temps ensoleillé, diminue la luminosité de deux valeurs de diaphragme.
Stabilisateur
Le stabilisateur optique, qui équipe le VX 9000, a déjà fait ses preuves sur de nombreux camescopes de la marque. Une compensation parfaite des petits mouvements ou tremblements, quelle que soit la focale. On préfère cependant le désactiver pour filmer en très basses lumières.
Confort
Avec la batterie NP-F930 le VX 9000 s’équilibre et ne pique pas du nez ou ne tire pas vers l’arrière. On apprécie l’épaulière adaptable en longueur aux différentes morphologies. Mais pourquoi ne pas lui avoir affecté un bon rembourrage, et dessiné une forme plus incurvée ? Bravo pour la poignée d’objectif inclinable, qui facilite une prise en main prolongée.
Regrettons pourtant qu’il ne soit pas possible de l’incliner davantage sans un tournevis. Pourquoi ne pas avoir repris le concept de la V200 ? Un bon point par rapport à la VX 1000, les pros retrouvent leurs marques avec quelques fonctions essentielles : diaph, vitesse, gain, balance des blancs, immédiatement accessibles.
Cassettes
Le VX 9000 est le premier camescope numérique grand-public qui utilise des cassettes DV de grande taille. Avantage incontestable, il est possible dorénavant de filmer durant 2 ou 3 heures, voire 270 minutes en continu. Idéal pour enregistrer un spectacle, un mariage ou une rencontre sportive. En revanche, les reporters regretteront de ne pouvoir disposer de cassettes de petites durées, 30 ou 60 minutes, qui évitent de nombreux allers/retours en montage. Les amateurs, qui ne filment qu’occasionnellement, devront dépenser entre 275 F (120 mn) et 350 F (180 mn) pour retrouver sur une même cassette les enregistrements de toute une année. On utilise comme sur la mini-DV une bande de haute qualité au Métal Evaporé, mais ici le support bénéficie d’une protection antiabrasive augmentant sensiblement la résistance lors d’utilisations intensives, en évitant froissements et Drops. On retrouve comme sur toutes les cassettes Sony la puce nécessaire à la mémorisation de certaines données, notamment pour les photos. Quant à la trappe du compartiment cassette, on se demande si les ingénieurs de Sony n’avaient pas abusé de saké quand ils l’ont créée. Ouverture et fermeture se font simplement en soulevant ou abaissant la trappette, et aucun joint d’étanchéité n’est présent. Le moindre grain de sable se fera un malin plaisir à venir côtoyer bande, cabestan et moteur d’entraînement. Une aubaine pour les services après-vente ! Pourquoi ne pas avoir repris le système utilisé sur le VX 1000 ? Les baroudeurs et autres vacanciers devront scotcher impérativement cette trappe avec du gaffer, ruban adhésif de grande largeur.
Autonomie
Le camescope VX 9000 est très gourmand en énergie (11 ,6 W/h). A cette occasion, Sony a développé l’accu NPF930. De très haute capacité, il doit offrir près de 90 mn d’autonomie en utilisation courante, et non les 2 heures prévues par Sony. De technologie LithiumIon, le NP-F930 ne craint pas l’effet mémoire, et peut être rechargé à tout moment.
Contrairement à ce qu’annonce le mode d’emploi, le VX 9000 est compatible avec les batteries Info-Lithium. Ce n’est même que sa seule source possible d’alimentation, puisque toute batterie externe (plomb, lithium) ne fonctionne pas avec ce type de caméra. Quant aux reporters au long cours, à eux de prévoir plusieurs batteries de ce type. Un adaptateur NP-10000 est même prévu par Sony pour connecter le VX 9000 à trois batteries NP-F930 ou autres modèles Info-Lithium. Très pratique, la charge s’effectue indifféremment sur le chargeur ou la caméra. En revanche, la recharge complète dure 6 heures mais on peut régénérer deux accus en simultané.
Zébra
Comme sur le VX 1000 et les caméras professionnelles, on trouve la possibilité d’activer ou non le niveau Zébra dans le viseur. Cette fonction est très pratique pour régler manuellement l’exposition, des hachures recouvrant les zones les plus claires de l’image en cas de surexposition. Il faut alors corriger l’exposition sinon les hautes lumières risquent d’être « cramées ».
Effets spéciaux
On retrouve le faux fondu-enchaîné du VX 1000, mais on apprécie plus spécialement les fonctions d’intervallomètre ou de cadrage au format 16/9, bien plus utiles et qui rendent service aux utilisateurs possédant un téléviseur écran large ou ceux qui veulent se lancer dans le film d’animation.
Photo
Comme sur tous les camescopes numériques, il est possible de prendre des « photos », images fixes digitalisées de 6 à 7 secondes. Pour ce faire, il faut positionner la gâchette sur Photo Standby, et appuyer sur un déclencheur spécifique. Une manipulation quelque peu complexe, mais qui offre l’avantage de donner des images de bonne qualité, idéale si on prévoit un tirage papier via une imprimante vidéo. Sony a même prévu un flash spécial pour éclairer les scènes sombres : le HVL-F7 doit être relié par un cordon de synchronisation à la prise Lanc du camescope pour se déclencher.
Lecture
Comme sur le VX 1000, on bénéficie de fonctions de lecture très complètes, avec des recherches avant ou arrière à toutes les vitesses. La précision du time code permet de retrouver n’importe quelle séquence, et l’on peut sans problème utiliser le VX 9000 pour des opérations de montage. Les ralentis sont parfaits et les arrêts sur image sont ceux que seul le synchroniseur interne peut garantir. Mais il ne faut pas perdre de vue que des lectures répétées abîment fortement les têtes de lecture, et qu’il vaut mieux se servir d’un magnétoscope spécifique à cet effet. Le signal vidéo transite par une classique Cinch, Ushiden ou le fameux connecteur DV.
Télécommande
La télécommande regroupe les principales fonctions, tant en enregistrement caméra (Zoom, Start) qu’en fonction lecture. Les touches Display et Data Code permettent d’incruster sur l’écran les informations de tournage : date, heure, paramètres techniques (stabilisateur, diaphragme, vitesse, gain) et bien sûr le time code. Une fonction très utile pour apprendre à bien se servir de son camescope. On apprécie les deux capteurs infrarouge, situés aux extrémités avant et arrière. Un classique connecteur de montage Lanc assure une compatibilité avec les principaux magnétoscopes ou tables de montage du marché.
Caractéristiques
Caméra
- Capteur : 3 CCD 1/3″ – 470000 pixels
- Objectif : Zoom optique 10x 5,9-59mm f/1,6 (équivalence photo 39-390 mm)
- Exposition : Automatique débrayable, diaphragmes compris entre f/1,6 et f/11 ; gain variable entre -3 et +18 dB
- Vit. d’obturation : Variables entre 1/3 et 1/1000 s
- Balance des blancs : Automatique et manuelle. Préréglage lumière du jour ou artificielle
- Sensibilité : 4 lux
- Viseur : Noir et blanc, 25 mm de diagonale, 180000 pixels
Magnétoscope
- Audio : Piste PCM stéréo 16 bits 48 kHz ou 12 bits 32 kHz et doublage son 12 32 kHz. Niveaux d’enregistrement automatiques ou manuels
- Sorties A/V : Cinch, Y/C et DV
- Entrées audio : Cinch stéréo
- Prises : Casque et micro stéréo, Lanc
- Autres fonctions : TBC, time code, Data Code, Zébra, Intervallomètre, fondu au noir, fondu-enchainé, format 16/9, mode Photo
- Poids : 3,4 kg
- Prix : 36000 F. (5488 €)
Rivaux
Deux autres modèles DV tri-CCD. D’abord le cadet de la DCR-VX 9000, qui s’en inspire directement, c’est le fameux DCR-VX 1000. Les caractéristiques sont identiques, seuls quelques points diffèrent : épaule/poing, trappe de cassette, viseur couleurs/noir et blanc, accessibilité aux commandes. Et le prix… puisque le DCR-VX 1000 approche les 28000 F.
Chez Panasonic, le NV-DX1 (20000 F) présente de nombreux atouts, avec son large viseur couleurs, tout en restant compact. Les deux marques présentent des différences de colorimétrie auxquelles certains seront sensibles suivant les goûts.